The Last Executioner : Interview exclusive avec le réalisateur et l’acteur principal

Inspiré de faits réels, » The Last Executioner  » est l’histoire de Chavoret Jaruboon, la dernière personne en Thaïlande dont le travail consistait à exécuter par arme à feu les condamnés à mort. Un rocker dans l’âme qui pour soutenir sa famille, embrassa cette macabre carrière tout en essayant constamment de concilier le bon et le mauvais  »karma » qui provenait de ses décisions.

C’est l’ histoire d’une vie particulière, celle d’un homme au destin surréaliste, tiraillé entre son devoir et sa morale. Afin de comprendre le nouveau film de Tom Waller, au cinéma le 3 juillet prochain en Thaïlande, Ciné-asie.fr l’a rencontré ainsi que Vithaya Pansringarm (Only God Forgives) qui joue le personnage principal du film, Chavoret Jaruboon, l’homme qui a exécuté 55 personnes en 19 ans.

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Pourquoi avez-vous fait le film » The Last Executioner »?

Tom Waller : Dès le départ, j’ai été très intéressé de traiter ce sujet pour expliquer l’histoire du dernier bourreau à la mitraillette. Comme vous le savez déjà, l’histoire est sur Chavoret Jaruboon, un thaïlandais de milieu modeste avec des responsabilités pour sa propre famille, mais avec un travail inhabituel. Pour cette raison, les tensions sont apparues spécialement avec sa femme interprétée par Penpak Sirikul. Quand il était jeune, il rêvait d’être une star du rock comme Elvis Presley. C’est donc un véritable fossé entre son fantasme et sa propre réalité, c’est pourquoi il a été pour moi un projet intéressant. Le paradoxe d’un homme faisant ses choix dans un monde violent et fermé: la prison. Depuis 2003, lors d’un jugement à la peine de mort, l’injection létale est le moyen d’exécuter les personnes en Thaïlande.

C’est le premier  »Biopic » que vous réalisez. Est-ce différent à produire qu’un autre film?

T W : Oui, c’est certainement un point de vue différent. Tout d’abord, c’est une histoire personnelle. De ce fait, nous devons respecter, sa famille, etc .. Nous avons du être très prudent dans la façon de traiter son histoire. Par exemple, nous avons été très rigoureux et précis surtout dans les petits détails de sa vie privée. Ensuite, l’équipe et moi même, nous nous sommes toujours posés des questions lors du tournage : Peut-on montrer cela? Est-ce que la famille sera d’accord? C’était ce que je me demandais toujours afin de respecter la mémoire de Chavoret Jaruboon.

C’est l’histoire Chavoret Jaruboon  »le bourreau officiel », Comment avez-vous fait pour obtenir les informations sur lui?

T W : Tout d’abord, rappelons que Chavoret Jaruboon est décédé. Lorsque j’ai décidé de faire le film, j’ai passé beaucoup de temps à parler avec sa veuve et l’auteur de son histoire Don Linder, un Américain vivant en Thaïlande. Il a interviewé Chavoret en 2007, mais je connaissais cette histoire quand j’ai lu un article sur Chavoret Jaruboon en 2012. Lors d’une soirée de la même année, j’ai rencontré Don Linder et nous avons décidé d’adapter cette histoire au cinéma. Il a fallu moins de deux ans pour réaliser » The Last Executioner » mais neuf mois pour écrire le scénario.

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Le film met en avant une question philosophique: Comment obtenir un bon karma quand on est un bourreau. Avez-vous réussi à apporter des réponses?

T W : C’est compliqué de répondre à cette question parce que c’est une notion très subjective, n’importe qui peut obtenir un autre point de vue du film. Cependant, en 19 ans, Chavoret a exécuté 55 personnes, c’est quelque chose de difficile pour lui d’assumer son devoir parce que tuer des gens ne vous donnent pas la chance d’obtenir un bon karma. Chavoret doit trouver un moyen d’accepter d’être » le bourreau officiel ». Il est en conflit entre la morale et son devoir. C’est une question éternelle traité dans le cinéma comme dans les films de guerre (Platoon, Apocalypse Now etc…). Dans » The Last Executioner », nous avons essayé de montrer la fragilité du personnage. Nous avons également fait beaucoup de recherches. Nous avons tourné dans la prison de Bang Kwan, la salle d’exécution et nous avons utilisé le même type de mitrailleuse afin d’être le plus réaliste possible.

Et au sujet de la question de la peine de mort? At-il été facile pour vous de garder une position neutre, car il s’agit d’une question sensible?

T W : J’essaie d’être le plus objectif. Je ne dis pas dans mon film la peine de mort est bien ou mal.  » The Last Executioner  » se concentre sur la façon dont vous pouvez gérer votre vie quand la mort est votre quotidien. C’est un cycle éternel. La mort est le prolongement de la vie.

Vithaya Pansringarm, comment avez-vous fait pour personnifier Chavoret Jaruboon?

V P : Pour être Chavoret, j’ai d’abord rencontrer sa famille pour mieux comprendre cet homme et pas seulement par les informations que Tom et Don m’ont donné. J’ai été très proche de sa fille. Elle m’a aidé à personnifier » The Last Executioner. » J’ai réalisé qu’il était très proche de sa famille, il se souciait vraiment de eux, il était aussi très poli et calme quand il parlait aux gens. Grâce à toutes ces informations je pense que j’ai réussi à interpréter Chavoret Jaruboon. Même sa fille m’a dit après avoir vu le film que je lui rappelait son père.

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Quand Tom vous a expliqué le scénario, avez-vous accepté facilement de jouer ce personnage?

V P : Tom et moi, nous sommes très proche parce qu’il était l’un des premiers réalisateurs à me faire confiance. J’ai joué un moine dans son film  »Mindfulness and Murder » en 2011. A 55 ans cela ne fait que 4 ans je suis acteur. Pour cette raison, je serai toujours reconnaissant envers Tom Waller. Quand il m’a parlé du script j’ai dit oui facilement. Cétait aussi un passionnant projet notamment sur le personnage principal Chavoret Jaruboon.

Vous êtes connu pour jouer les bad guys comme dans le film »Only God Forgives  »; avez-vous peur d’être catalogué dans ce genre de rôle?

V P : Je n’ai pas à avoir peur parce que  » The Last Executioner  » n’est pas un film sur un  »méchant », même si la violence est partout dans le film.. Pour moi  » The Last Executioner  » est un drame avec beaucoup de questions soulevées. À propos de la façon dont vous avez décidé de mener votre vie. La question principale du film n’est pas de savoir qui vous êtes mais ce dont en quoi vous croyez. Cependant j’aime jouer des personnages à fort caractère et avec un côté sombre important. Pour mon prochain projet de film, je vais voir étape par étape ce que l’on me propose.

En tant que Président du Club de Kendo de Thaïlande, le Kendo vous aide-t-il à être un bon acteur et à conserver un bon karma?

VP: C’est une bonne question…(rire) Le Kendo est basée sur la philosophie du samourai, le bushido, celle de servir les gens par devoir. Comme pour Chavoret, il doit servir son pays, faire son devoir. Dans ce film quand j’ai utilisé mon énergie pour l’interpréter, j’ai utilisé tout l’aspect du kendo pour pouvoir me concentrer sur mon jeu et mon environnement, en jouant par exemple avec l’espace et la caméra. Grâce au Kendo, j’ai pu incarner au mieux Chavoret Jaruboon et ainsi donner une véritable immersion dans le film pour le public.

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Que pouvez-vous dire afin de convaincre les gens d’aller au cinéma et regarder The Last Executioner?

V P : En Thaïlande, la plupart des films sont toujours avec de jolies filles de beaux jeunes hommes avec une grande campagne publicitaire, sponsoring, etc .. Il est très rare de faire quelque chose à propos de la vie de quelqu’un, de produire un biopic. Nous devons obtenir une histoire très intéressante et  » The Last Executioner  » est l’une d’elle ; Un homme ordinaire avec un travail non-ordinaire. L’histoire provient du livre de Don Linder un best-seller. C’est aussi une histoire contemporaine de la Thaïlande. Comment composer avec le fait d’exécuter des gens quand nous sommes bouddhistes ? Comment pouvons-nous obtenir un bon karma? Comment ma famille peut faire face à cela? Comment un chanteur de rockn’roll peut devenir un bourreau? Pour ces raisons, le film peut être intéressant pour les personnes qui veulent voir quelque chose de différent de la Thaïlande, quelque chose de plus adulte, de plus réel.