Pee Mak Phrakanong :  » l’Intouchables du cinéma Thaïlandais »

Depuis la fin mars en Thaïlande, un film connait un engouement populaire encore jamais égalé au sein du royaume. Pee Mak Phrakanong a réussi a faire mieux que certains films hollywoodiens qui trustent bien trop souvent les salles de ces gigantesques multiplex nichés dans les derniers étages de ces cathédrales de la consommation que sont les malls.

Vivant a Bangkok depuis un an, je n’avais jamais vu encore une telle passion autour d’un film, loin de moi l’idée que les thaïlandais n’aiment pas aller au cinéma mais bien au contraire. La qualité de leur multiplex font passer les salles françaises pour des vieilles reliques du passé ! Motiver encore plus par le fait que les prix restent abordable pour eux. Entre 100 et 300 baths en moyenne (3 à  9 euros)

alors voilà c’est décidé, moi, le fan des films d’auteurs et de ces films bien intellos que l’on ne voit  que dans les festivals, j’ai donc pris mon courage a deux mains et je suis parti découvrir ce film qui par l’engouement populaire me rappel malheureusement ce mauvais goût si français d’apprécier le cinéma populaire comme un art ultime et politiquement correct qui suit le vieux adage :  » millions d’entrées = film réussi  ».

Arrivée dans le multiplex Siam Paragon la queue est assez importante pour un film déjà sorti depuis un mois. Au moins 50 personnes attendent le précieux ticket. Bien entendu, je suis le seul étranger ( farang en thai) dans la file d’attente. Mes semblables au teint hâlé et dégoulinant de sueur revenu il y a peu de leur week-end de beuverie a Koh Phangan prennent tous leur ticket pour Iron Man 3. Ou est passée leur curiosité ? Si j’ose dire…Ok, ne faisons pas de procès d’intention.

Enfin installé confortablement après avoir honorer le roi Rama IX en ce levant de son siège lors de son clip officiel, ( et vaut mieux se lever croyez moi) Pee Mak Phrakanong commence…

Tout d’abord petit cours de thaïlandais. Comprendre un film c’est d’abord comprendre son titre. Pee est une marque de respect pour quelqu’un qui est plus vieux de 1 à 5 ans que son interlocuteur. Mak est le nom du personnage principal est Phrakanong est le nom du village typiquement thaï avec ses maisons sur pilotis ses barques etc….

L’histoire du film se déroule durant une période troublée a la fin du XVIII siècle. La Thaïlande est en guerre au début du règne de la dynastie Rattanakosin.

Cependant on est loin de voir un film de guerre historique car Pee Mak Phrakanong est avant tout une comédie ou les gags s’enchainent dans une ambiance horrifique ou se mêle les vivants et les fantômes. De retour de la guerre avec ses meilleurs amis Pee Mak (Mario Maurer) retrouve sa superbe femme Nak (Davika Hoorne) et son bébé qu’il n’avait jamais vu auparavant, dans son village de la campagne thaïlandaise. Tellement heureux d’avoir retrouver l’amour de sa vie Pee Mak ne se doute pas que dans son village des phénomènes inexpliqués liés a la hausse de cadavres le suivent dans son sillage. En effet sa femme serait un fantôme.

Réalisé par Banjong Pisanthanakun , le succès du film est un condensé de tout ce que les thaïlandais apprécient. De l’humour, de l’horreur, une certaine nostalgie de la vie d’antan et bien entendu, une histoire d’amour façon soap opera que les thaïlandais affectionnent tant depuis des décennies et qui fait des records d’audience chaque soir à la télévision.

On sourit, on rigole et je dois dire que l’on passe un bon moment même pour un occidental car le réalisateur s’est inspiré des codes des comédies américaines. Résultats Pee Mak Phrakanong a engrangé un peu plus de 17 millions de dollars et se classe deuxième au tableau des plus gros succès ciné du pays. Il sera également projeté en Chine aux Philippines et dans d’autres pays asiatiques.

Avec ce thème de l’amour plus fort que la mort, Pee Mak Phrakanong est un miroir de la société thaïlandaise. Un exemple de ce qu’est devenu le royaume. Un carrefour entre deux mondes. L’occident et l’orient.

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