Cycle des 4 acteurs au KCCUK: Q&aA avec l’actrice So-ri Moon

Dans le cadre du “cycle des quatre acteurs” lancé par le centre culturel coréen du Royaume-Uni, et après trois mois de projections tous les jeudis de ses films, l’actrice Moon So-ri s’est déplacée à Londres pour présenter Ha Ha Ha, film de Sang-soo Hong récompensé à Cannes (Un Certain Regard) en 2010 dans lequel elle incarne Seong-ok Wang, une guide touristique du village de Tongyeong.

La projection du film hier soir à 19 heures s’est suivie de questions réponses avec le public coordonnées par le critique et journaliste Tony Rayns. Avant cette projection un entretien avec l’actrice So-ri Moon nous a permis d’aborder certains aspects non présents dans la Q&A : cet entretien sera bientôt disponible sur Cine-Asie.fr

Tony Rayns a d’abord ouvert la session en indiquant que l’actrice So-ri Moon a collaboré sur plusieurs films avec le réalisateur Sang-soo Hong et qu’il semblait que dans les rôles qu’elle joue incorporait toujours une touche comique. Ayant connu le réalisateur depuis ses débuts, Moon a précisé que c’était par la confiance que les deux nourrissent l’un pour l’autre qui lui a permis d’enrichir ses personnages et d’ajouter un peu d’humour.

Interrogée sur l’impressionnant discours sur le général Soon-shin Lee, personnage historique de Tongyeong, qu’elle délivre dans Ha Ha Ha, elle indique que le réalisateur Hong travaille à un rythme forcené et tourne ses films en à peine deux à trois semaines. Par ailleurs, il ne donne pas le script aux acteurs avant de tourner. Dans ce cas-ci, elle a du apprendre un monologue de une page et demi, et même choquée a du s’efforcer de donner une performance parfaite du premier coup, mot pour mot.

Le réalisateur ne donne pas non plus beaucoup de précisions sur les personnages, si ce n’est leur nom et leur statut. Tongyeong étant une ville du sud de la Corée, et étant elle-même de Busan, elle a trouvé judicieux d’ajouter un accent à son personnage. Le réalisateur, initialement réticent, a fini par accepter voyant que cela donnait bon effet.

Bien qu’ayant débuté au théâtre, son expérience dans des pièces est relativement limitée. Elle considère que c’est dans les films qu’elle a véritablement débuté sa carrière d’actrice. Elle essaie tout de même de maintenir un lien avec le théâtre et de jouer dans des pièces, car cela l’aide à recharger ses batteries et se sentir revigorée. So-ri Moon précise que sur un plateau de tournage, elle est plus ou moins obligée d’apprécier l’équipe avec laquelle elle travaille, au théâtre, elle se sent immergée dans son personnage, et son désir d’être seule parfois s’accomplit.

Déstabilisée par une question plutôt osée de Rayns cherchant à savoir si elle avait couché avec Chang-dong Lee pour obtenir son premier rôle dans un long-métrage, pour Peppermint Candy (1999), elle a indiqué qu’elle en devait sûrement au destin. 2 000 jeunes femmes avaient auditionné pour le rôle de Sunim. Le fait que son cou et son corps soient devenus rouges de timidité lorsqu’on lui a demandé de jouer le rôle d’une jeune femme qui appelle l’homme qu’elle aime au téléphone a pu aider. Des rumeurs disent aussi qu’elle ressemblait au premier amour du réalisateur. Quoiqu’il en soit, elle croit à sa chance et au destin pour l’avoir amenée jusque là.

Revenant sur le rôle de Gong-ju dans Oasis (2002), Moon a souligné ses difficultés à aimer le personnage lorsque le rôle lui a été proposé. Elle avait des préjugés concernant les personnes handicapées. Une fois ceux-ci surmontés – notamment en rencontrant et passant plusieurs mois avec des autistes -, elle a commencé à mieux aimer le personnage à l’intérieur et à l’extérieur.  A un moment, elle a même essayé de s’enfuir tellement cela était dur pour elle. Le réalisateur est venu la récupérer et elle s’est entrainée durement. Elle considère cette expérience comme la renaissance de sa carrière d’actrice.

La parole a ensuite été donnée au public. Parmi les questions pertinentes, il y a celle sur le titre, qui vient non seulement du rire des deux personnages se racontant leur passé à Tongyeong autour d’un verre, mais aussi du caractère 하 qui vient du chinois signifiant « été ». Elle a aussi souligné que chaque nouveau rôle est une expérience difficile pour elle, étant timide, pour elle c’est comme connaitre de nouvelles personnes : on s’y habitue au fur et à mesure de le côtoyer. Allant de l’avant, elle imagine son prochain rôle comme le plus difficile. Mère d’une petite fille, le rôle qu’elle serait réticente à interpréter actuellement serait celui d’une mère qui père son enfant – mais reste ouverte à une telle opportunité à l’avenir. Malgré la difficulté de travailler avec Sang-soo Hong, elle l’apprécie beaucoup. Elle se rappelle de la scène de Ha Ha Ha où elle fait monter Kang-woo Kim sur son dos pour rompre, qu’elle a trouvé très drôle plutôt que bizarre. Depuis The Spy: Undercover Operation, dont le tournage s’est terminé en octobre 2012, elle n’a pas travaillé sur d’autres projets, mais est en cours de négociation pour une série TV – le contrat n’est cependant pas encore signé, donc elle ne peut rien dire.