Critique : Nameless Gangster de Yoon Jong Bin

Note des lecteurs0 Note
3.5

Dans un premier temps, on peut considérer que le choix du titre anglais parait inadapté, l’histoire tournant notamment autour de l’origine commune (Gyeongju) des deux protagonistes principaux, un douanier corrompu (joué par Min-sik Choi) et un gangster redoutable (Jung-woo Ha), qui partagent le même nom de famille : Choi. D’ailleurs le titre en coréen est tout autre : « Crime et Guerre – l’âge d’or des méchants », faisant référence à la période d’expansion des mafias coréennes dans les années 1960-1980 suivie par un vague d’arrestations dans les années 1990, lorsque le gouvernement déclara la guerre au crime organisé.

Dans le genre film de gangsters, Nameless Gangster réussit bien à s’appuyer sur les mécanismes classiques, tout en s’en détachant par le personnage du douanier, qui, malgré sa maladresse, son ignorance et son arrogance, réussit à s’imposer au sein du clan. On peut noter quelques éléments plutôt marquant : 1) la référence quasiment exagérée aux origines et nom de famille (sur laquelle d’ailleurs joue le douanier pour grimper les échelons de la mafia) et 2) la position flottante du douanier qui tout en étant bras droit du leader apparait comme un outsider toujours sur le point d’être expulsé.

C’est d’ailleurs ce deuxième aspect qui crée toute la tension du film. Le douanier semble un profiteur qui veut les bénéfices sans respecter les règles des mafias : notamment celle de la loyauté. Plusieurs fois, celui-ci va retourner sa veste, et de temps en temps jouer dans le camp opposé, même s’il prétend une intention autre. Malgré la compassion qu’on peut avoir pour ce personnage qui semble tout à fait naïf et ne semble pas comprendre pas la souffrance qu’on lui inflige (parfois le spectateur lui-même ne la comprend pas tout à fait), son caractère imprévisible en fait quelqu’un de redoutable.

Min-sik Choi joue un personnage tourmenté et touchant, à l’image de l’être humain : complexe et partagé entre le bien et le mal. Point de dichotomie entre les gangsters et les policiers, nous sommes dans un monde flottant, où c’est celui qui saura s’adapter le mieux qui gagnera. Certes, si la loi du talion est bien présente dans le monde des mafias, et notamment avec la vengeance finale du gangster, le douanier aura tout de même su donner une bonne leçon  de morale à son cadet (respectivement 15ème et 17ème génération des Choi de Gyeongju). Néanmoins, celui qui se croyait le plus intelligent, en jouant dans les deux camps, et ce de façon plutôt immature et irresponsable, se voit rattrapé. Car s’il y a bien une idée qui ressort, mais qui semble plutôt simpliste, c’est que le monde des gangsters est comme une drogue, une fois qu’on y touche, on en subit les conséquences, tôt ou tard.