Critique : Une Balle Dans La Tête de John Woo

Une Balle Dans La Tête sort en 1989, onze ans après le bijou traumatisé de Michael Cimino, The Deer Hunter, œuvre séminale dressant le portrait d’une Amérique défigurée. Sous influence, le film de Woo est un suicide minutieusement chorégraphié ; l’or, les flingues, la poudre qui empoisonne l’air après les assauts. Une codification des protagonistes s’impose, le Bon, l’Innocent, le Vénal, la guerre se chargeant alors de les diviser.

John Woo porte à bout de bras une désagrégation complète des valeurs; entre hémorragie coupée à la botte et fusillades déchirant le silence, les hommes se disputent les restes de l’idéologie. John Woo se place en dissident et écrase les dernières figures d’humanité, une chanteuse droguée par un gangster local est portée au sacrifice. Woo va plus loin que Cimino. La colère des hommes n’épargnera rien. La roulette russe est remplacée par un autre jeu de hasard. Dans cette symphonie hémato-fraternelle, Peckinpah n’est jamais très loin, Melville non plus. La violence poussée à son paroxysme. Une guerre et sa transversalité.